Marthe Reine Pélagie Miézan Nogbou est attachée de direction au Conseil économique et social à Abidjan. Titulaire d'un Baccalauréat série A, elle est diplômée de l'Institut des hautes études tertiaires et industrielles (I.H.E.T.) d'Abidjan. Elle vient de publier son premier roman, "Fédora, la conquête du bonheur". Nous l'avons rencontrée dans une librairie, en pleine dédicace. |
Vous venez de publier votre premier roman. Est-ce l'aboutissement d'une vocation ou le désir de raconter une histoire ?
C'est une vocation. Une passion. Depuis longtemps la graine était enfouie en moi et elle a fini par germer. J'ai voulu porter un regard sur la société en exprimant toutes les tares d'hommes et de femmes dans une Afrique en proie à de nombreuses difficultés. La création de Frat-Mat Edition fut une opportunité pour moi de proposer mon manuscrit. J'avais déjà écrit ce roman, comme d'autres écrits d'ailleurs.
A-t-il été difficile pour vous de trouver le titre de ce roman et de quoi parlez-vous dans ce livre ?
Non. Ce titre signifie l'espoir, le bonheur. C'est une histoire d'amour. Il s'agit de Fédora Caron, très belle femme marquée par un viol. Sa rencontre avec Alain Kako va bouleverser sa vie...
Quelle a été votre impression en tenant pour la première fois, dans la main, le premier livre que vous venez de publier ?
Incontestablement le plus beau jour de ma vie. C'était comme une naissance. Quelque chose qui sortait de moi. Ma joie était inestimable. Toute proportion gardée, j'avais la même émotion qu'une maman qui venait de mettre au monde un enfant et le tient dans sa main après les douleurs de l'accouchement.
Certains passages de votre roman sont si réalistes que n'importe quel lecteur peut croire rapidement que c'est une partie de votre vie étalée avec le pseudonyme de Fédora...
Non, je ne suis pas Fédora même si en général l'écrivain s'inspire de ses souvenirs, de ce qu'il a vu et entendu. Mon objectif était de sortir le lecteur de son train-train quotidien, de le plonger dans un rêve fantastique. Ce n'est vraiment pas ma vie et je vous demande de me croire.
Que pensez-vous du viol ?
Un crime. Un vrai crime. Les violeurs sont des assassins et ils doivent être condamnés comme tels. Ils sont lâches. Ici, il s'agit d'un camarade de classe de Fédora qui profite d'une party pour la saouler afin de la violer. C'est un déchirement pour cette femme qui ne pourra pas facilement guérir de cette blessure. De plus en plus d'associations féminines et d'ONG se battent pour combattre le viol et faire condamner à des peines plus lourdes les criminels.
Pour vous, une femme cultivée est parée de quelles qualités ?
Elle est humble. Elle donne son point de vue sur tous les problèmes de la société. C'est une femme de savoir et de connaissances. Elle a une ouverture d'esprit. C'est donc une personne qui lit beaucoup, la presse tout comme les ouvrages de tous les genres.
Ce roman obéit aux critères de la littérature sentimentale. Pour vous, qu'est-ce que l'amour ? Quand une femme dit à un homme "Je t'aime" qu'est-ce qu'elle veut dire ?
L'amour c'est la vie. C'est un don de soi. Quand une femme dit: "Je t'aime", cela signifie: "Je te donne ce que j'ai de plus précieux".
Dans votre roman, vos personnages ne voient en la femme et en l'homme que la beauté et l'élégance. Pour vous, c'est la beauté qui attire ?
L'aspect physique d'un être attire. Mais ce qui retient, c'est le côté moral et intellectuel.
Vous êtes une belle femme. Votre homme s'est-il extasié en vous voyant pour la première fois sur votre beauté ?
Il a tout juste dit que j'étais belle. La beauté c'est juste une valeur. L'extérieur attire mais c'est l'intérieur qui retient. La beauté est un atout mais une belle femme doit avoir des comportements dignes et non se servir de cette beauté à des fins commerciales. Elle doit être un exemple par la qualité de sa vie, de ses études, de sa profession et de son engagement à aider les autres.
"Regarde toi-même, je meurs d'amour pour lui, et lui, l'ignore". Pourquoi la femme africaine ne déclare-t-elle pas son amour à l'homme qu'elle aime ?
La femme est un être sacré. Elle ne doit pas s'exprimer mais c'est plutôt l'homme qui doit venir s'incliner à ses pieds. La femme doit être silencieuse et vertueuse. Elle doit se retenir de faire des déclarations d'amour à un homme. L'homme qu'elle aime finira par venir à elle sans qu'elle ne lui donne des signes. L'amour est d'essence spirituelle. Ceux qui s'aiment sincèrement finissent par se retrouver.
Comment aimer un homme qui a déjà une femme dans sa vie ?
Ce n'est pas normal d'aimer un homme marié. C'est la barrière à ne pas franchir.
Votre roman a une suite. Pourquoi le choix d'un deuxième tome ?
C'est une stratégie personnelle pour susciter l'envie du public de me connaître et d'attendre avec impatience le second tome. Rien que les dernières lignes du livre sont une invitation aux lecteurs et aux lectrices de garder le contact avec moi : "Le viol. La mort d'Hemylie. Le grand Amour, la passion, la trahison. Ses fiançailles à l'eau. L'humiliation. Le bonheur qui lui échappait brusquement Le monde qu'elle sentit s'effondrer autour d'elle. Qu'avait-elle fait pour subir autant d'injustices ? Etait-elle privée du droit d'aimer ? Quand pourrait-elle enfin être heureuse ? Cette souffrance lui était insupportable. Tout un espoir brisé. Quelle espérance... ?"
Votre mot de la fin ?
Chaque femme doit être consciente des actes qu'elle pose dans la société. Et c'est par leur justesse qu'elle se fera une place. La vie ne nous impose rien et c'est par notre foi et notre détermination que nous prendrons la place qui nous revient de droit.
Propos recueillis
par Isaïe Biton Koulibaly
Contact: [email protected]